Cher lecteur,

C'est l'heure. L'heure de te dire tout ce que je pense de ces 8mois à vivre à l'étranger, à travailler dans l'éducation nationale version anglaise.

Mon travail d'assistante de français:

Bon on ne va pas se leurrer, ce que m'a vendu le ciep sur le papier c'était des sornettes. Premièrement je n'ai jamais eu grand chose à préparer. Tranquille tu penseras donc, mais ça pendant 8 mois c'est lassant vers la fin. On m'a quand même demandé de faire des trucs, qu'on a très peu utilisé. J'imagine que la méthode française étant dix fois plus différente et mes collègues n'y étant pas habitués, bah on a laissé tombé. Adieu tout ce que j'avais appris en master. Les CO, CE etc ca ne marche pas comme ça dans mon établissement. A vrai dire on fonctionne sur le par coeur. OUI le par coeur. Ca ne sert à rien, ça dégoûte l'étudiant et ça ne passionne personne. Du coup j'ai passé trois quart de mon temps avec les Y11 à leur faire leurs paragraphes et les faire réciter en trichant tant bien que mal, à user de mille stratagèmes qui n'ont servi à rien car eux s'en moquaient bien de réussir l'exam, ou savaient que les profs les aideraient à valider en gonflant les notes, ou en les laissant lire car réciter un truc c'est encore trop dur... Honnêtement hors mis cinq élèves, aucun n'avaient le niveau. Comparé à notre anglais LV1, leur francais LV1 c'est une grosse blague. Donc voilà, cette idéologie du par coeur va à l'encontre totale de mes principes, donc ça m'a soulé. Les discours de motivation et statistiques aussi, car ici le prof n'a aucun pouvoir, et ça l'élève le sait alors on tente tant bien que mal de lui faire faire quelque chose. Si l'élève échoue, c'est de la faute du prof. Des fois les profs disent carrément aux plus nuls d'arrêter les langues, afin que leurs statistiques ne soient pas en danger... On planche dix fois sur le même test AQA pour que les gamins se sentent prêts pour la compréhension orale, c'est une des seules fois où ils entendent parler français en "continu" alias une phrase. C'est dommage et ils se sentent perdus une fois l'examen en route. Les punitions, on oublie car être collé ici ca implique que le prof prend sur son temps pour surveiller l'élève. Les devoirs ça n'existe pas, ou bien c'est de la rigolade. Les gamins ne sont habitués qu'à des jeux. Je veux bien, mais le même jeu utilisé pour des Y7 et des 11 je comprends moins. Il n'y a pas de différence de niveau. C'est grave je pense. Je ne blâme pas mes collègues, juste le système. Alors voilà, suis-je prête à être prof ici, ne pas avoir en plus la sécurité de l'emploi, je ne sais plus parfois.

Oui parfois, car il y a vraiment des bons côtés aussi. Avec les petits c'était différent. Ils sont encore curieux de tout et vraiment intéressés. Ils sont polis et pas je m'en foutistes. Et ils apprennent à se servir de la langue, on essait de ne parler que français avec eux. On fait des jeux ludiques et marrants, on joue beaucoup avec les sons, les expressions du visages, les signes, ça me rappelle un peu l'apprentissage des langues en France. Ils aiment la compétition en plus donc les jeux ça marche toujours. Et puis ils sont tout heureux quand ils te voient, ils ont vraiment hâte d'être en français, et ça c'est bien trop rare. Regard gaga.

Mon environnement:

Hull. Ma ville que j'ai appris à aimer. C'est pas la plus jolie du monde ni la plus historique et intéressante. Pas une ville à touristes même si les médias essaient de lui redorer le blason. C'est ça qui me plait. C'est une ville normale, mais en plus grand quand même. Il y a de quoi sortir, des pubs à tire-larigot, des boîtes à l'anglaise. Des centres commerciaux, un Primark et des salles de sports dont une que j'ai fréquenté haha. C'est une ville étudiante. C'est pas cher. Ex: une pinte pour 1.75 en boîte, deux balles au pub, loin devant Amiens et sa pinte à 8 balles... Un loyer pour moins de 300 pounds, ce qui est correct en Angleterre je précise. On vit bien à Hull croyez-moi!

Les rencontres:

Je me rappelle avoir dit plusieurs fois: "Je ne traînerai pas avec les français". Vous savez que je ne m'y suis pas tenue. Sans mes copines Marion et Laëtitia rien n'aurait été pareil et rien ne sera pareil. Les autres assistants vont me manquaient aussi mais peut-être moins. Bref on était un petit groupe d'assistants et c'était sympa. J'ai rencontré pas mal d'anglais. On dit souvent que c'est difficile de rencontrer des natifs, et d'en faire ses amis, mais pour moi ça s'est fait naturellement. On a rencontré avec mes comparses d'anciens assistants anglais avec qui on est sortis aussi. J'ai fait une collocation avec 7 autres filles d'origines différentes dont ma collègue et amie Maria. On se remet en colloc avec mes deux anglaises et Maria à la rentrée. Vivre en résidence universitaire privée, m'a permis de rencontrer plein d'anglais, je ne garderai cependant pas contact avec la majorité d'entre eux hors mis via fb et encore. Bref ma collocation s'est bien passée, bien sûr il y a des choses qui agacent lorsqu'on vit avec plusieurs personnes, mais c'est une super expérience que je ne regrette pour rien au monde. J'ai aussi rencontré des gens supers à l'école. Mes collègues premièrement; et secondo les étudiants PGCE. Je pense à toi Aaron, à Maria et Martha qui venait aider une fois par semaine.

Ce que ça m'a apporté:

Vivre à l'étranger, ça fait grandir. Je suis plus mature, j'ai confiance en moi. J'ai changé pour sûr. Je ne prétendrai jamais d'être bilingue mais je parle anglais couramment, mon oral a beaucoup évolué et c'était le but. Je comprends énormément plus de choses et n'ai plus peur de répondre. Moi aussi maintenant je suis capable de passer d'une conversation en français à une version anglaise en une seconde. Tout est plus naturel, mais il y a encore du progrès niveau accent de la mort qui tue et emploi du vocabulaire sur mes murs. J'ai ma propre vision de l'apprentissage d'une langue maintenant et je suis déterminée à devenir prof et faire de mon mieux, je sais ce qu'il ne faut pas faire par exemple et je sais que la pédagogie n'est pas inée. Je sais quel type de prof je souhaite être et quel type je serai. Cette année m'a permis de voyager. Il me reste tant de chose à voir du Royaume-Uni, je retournerai en Ecosse pour sûr et j'irai au Pays de Galles, ce pays qui m'attend. Je sais que grâce à cette expérience et mon diplôme français bien que pas fini et infinissable j'ai envie de dire, des portes peuvent s'ouvrir à moi; je ne suis pas perdue professionnellement parlant. J'ai découvert tellement de choses, je me suis redécouverte. J'aime faire la fête, danser en boîte sur du commercial ou du métal, ce qui me ressemble déjà plus haha. J'aime m'habiller pour moi et ne pas avoir peur du regard des autres ou de me faire agresser lorsque je rentre au milieu de la nuit. J'aime aller au pub, je ne me serais jamais dit en France "tiens maintenant je vais aller au bar une fois par semaine". C'est culturel tout ça, du moins je me convains que ça l'est, c'est une bonne excuse pour tester mille trucs! J'ai pensé qu'à moi cette année, délaissé mon copain et mes amis trop souvent, j'en suis désolée. Ca fait du bien de se sentir vivante, de profiter de chaque instant ailleurs car on sait que ça ne durera pas éternellement. De ne se soucier que de soi pour une fois dans sa vie. De faire tout ce qu'on veut et d'en avoir les moyens.

En bref, c'était la meilleure année que mon existence ait connue d'un point de vue enrichissement culturel et personnel.

Le bilan

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